Archive for janvier, 2016

Depuis son avènement, le digital a fait couler beaucoup d’encre. Mais il a aussi fait couler pas mal de salive. Il y a peu, j’ai encore suivi un congrès en Bourgogne où l’enjeu du digital a été évoqué. Ce sujet est depuis quelques années devenu incontournable. Le digital est d’ailleurs devenu le mot d’ordre d’un grand nombre d’entreprises se voulant performantes. Toutefois, ce mot d’ordre me semble le plus souvent bien faible, et il semble que les entreprises aient encore du mal à voir l’importance des changements à mettre en oeuvre, toutes pétries qu’elles sont de leurs anciens modes de fonctionnement. Au-delà de la refonte d’un site web ou de la mise en ligne d’une application mobile, la transformation numérique requiert que le digital soit incorporé dans l’ADN même de l’entreprise, dans ses fondations les plus profondes, et modifie ses relations avec ses clients externes et internes. Seule cette intégration profonde peut permettre de réagir au mieux aux besoins d’une génération connectée en permanence et dont les comportements évoluent rapidement. Cela réclame évidemment un changement radical au niveau des pratiques et des métiers en entreprise. Il faut notamment réfléchir à l’impact des médias sociaux, du Cloud et d’autres innovations, et ce d’après une logique de renforcement des processus de métiers et de la marque. La métamorphose digitale nécessite une nouvelle organisation en interne et une nouvelle forme d’interaction avec son environnement, tout spécialement avec ses clients, ses fournisseurs et ses employés. L’innovation est à cet égard fondamentale pour espérer distancer ses concurrents. Et ce qui est apparu avec clarté lors de ce congrès en Bourgogne, c’est que la plupart des entreprises oublient le plus important : inclure leurs collaborateurs dans cette mutation. Elles devraient avant toute chose bâtir une culture d’innovation en favorisant la prise d’initiative. Les managers devraient sérieusement inviter l’ensemble de leurs collaborateurs à inventer et prendre des initiatives, et suivre ainsi une profonde évolution sociale où le collaboratif est en passe de devenir la norme. Et comme l’innovation génère souvent une peur et une résistance au changement, la fonction RH a également un rôle essentiel à jouer : elle doit tout mettre en oeuvre pour impliquer le capital humain dans cette nouvelle manière de faire vivre l’entreprise. Vous pouvez obtenir le livre blanc de ce séminaire en Bourgogne en suivant le lien pour le site de l’organisateur, vous pourrez télécharger le document.

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« Franchement, Nicolas Sarkozy a été correct. Il a laissé Juppé et Fillon faire leur rentrée politique sans dire un mot. Il aurait pu intervenir mais on ne l’a pas entendu, il était au Brésil, loin ». Cette analyse étonnée n’émane pas du camp sarkozyste mais de l’entourage de Bruno Le Maire. Correct Nicolas Sarkozy ? Fairplay ? C’est, en tout cas, le costume qu’il a décidé d’endosser, prenant une fois de plus ses adversaires à contre-pied. On l’attendait remonté à bloc, boosté par la crise agricole ou l’afflux de réfugiés. Décidé à en découdre avec un Alain Juppé qui a fait une rentrée réussie grâce à son livre programme sur l’Education et un François Fillon qui, bien qu’à la traîne dans les sondages, n’a renoncé à rien. « Il a fait le choix de ne pas être présent médiatiquement afin de laisser tout le monde s’exprimer, il n’a pas voulu intervenir en même temps que François Fillon, Bruno Le Maire et Alain Juppé », affirme son entourage. Et c’est finalement via Facebook, par un texte très « vieux sage », que l’ancien chef de l’Etat a fait sa rentrée. Presque aucun coup de griffe à l’égard de ses concurrents, pas de proposition choc. Des conseils, rien que des conseils adressés à de fougueux candidats par un président des Républicains investi dans sa mission. « Les élections primaires auront lieu à la fin de 2016. Les Français ne comprendraient pas que nous leur donnions le sentiment d’être obsédés trop tôt par cette échéance, écrit-il par exemple ». Ou encore :  » Les prochains mois doivent donc être consacrés à trois objectifs essentiels. Le premier sera de consolider notre unité ». Après avoir clivé avant l’été, comparant les migrants à une fuite d’eau, sans grand succès. Après s’être pris les pieds dans la crise grecque en voulant doubler ses concurrents, réclamant la sortie du pays de la zone euro pour finalement se montrer conciliant, il change donc de registre. Un nouveau Sarkozy est-il né ? Pas exactement. Cette discrétion, toute réfléchie, lui permet de se placer au-dessus de la mêlée, de ne pas être un candidat parmi d’autres, et de jouer les chefs de guerre de la campagne des régionales, espérant se servir de cet éventuel succès électoral comme d’un marchepied en vue de la primaire. Hier, il recevait les têtes de liste corses ainsi que Renaud Muselier qui représentait Christian Estrosi et Virginie Calmels tête de liste en Aquitaine. Il devrait ainsi accueillir, rue de Vaugirard, un groupe de candidats tous les 15 jours. Il va aussi entamer un tour de France des régions au rythme d’un ou deux déplacements par semaine, il commencera samedi dans le Doubs. Un département important qui, en février dernier, lors de la législative partielle destinée à désigner le remplaçant de Pierre Moscovici, a été le lieu de vifs débats sur l’attitude que l’UMP devait adopter face au FN. Nicolas Sarkozy entend y rappeler la ligne à tenir : « voter FN, c’est voter PS ». L’après-midi, l’ancien chef de l’Etat sera à La Baule où il tiendra un discours autour de la pensée unique. Une thématique déjà abordée, hier, sur Facebook : « Cette nouvelle pensée unique, c’est celle qui veut faire croire aux Français que la reprise est là. C’est celle qui nous interdit de dire que le système social français est à bout de souffle, alors que les Français sont écrasés d’impôts, de charges, de normes, de contraintes. Celle qui a érigé les 35 heures en totem ».

Étrangement, jamais les parents n’ont fait l’objet d’autant de sollicitude de la part des médias… et jamais la question de la pédagogie familiale n’a été aussi délaissée. On peut, en effet, trouver un peu partout des conseils en tous genres sur la manière d’élever son enfant, de décorer sa chambre, de le nourrir, de le soigner, de l’aider dans son travail scolaire, de choisir pour lui les loisirs les plus adaptés, de contrôler son usage des écrans, de gérer sa puberté et sa découverte de la sexualité, d’accompagner son orientation professionnelle et même son installation dans « la vie active »… mais rien -ou presque- sur le sens qu’il peut donner à sa vie et son engagement dans un monde qui a, pourtant, bien besoin de lui. Les médecins de Molière sont là, au chevet des pères et mères, leurs poches bourrées de grimoires et leurs besaces de potions: marchands du temple qui vendent des « recettes » censées marcher « à coup sûr » et font miroiter la « réussite » à court terme moyennant espèces sonnantes et trébuchantes… Officines en tous genres, de soutien scolaire ou de réadaptation comportementale, qui garantissent un « redressement » rapide, oubliant que, depuis bien longtemps maintenant, on a fermé, au vu de leur inefficacité notoire, les « maisons » qui étaient faites pour ça… Spécialistes du « développement personnel » et « psychologues » de bazar qui mettent en circulation les banalités les plus éculées et badigeonnent les bons sentiments d’un vague jargon clinique… Bref, toute une cohorte d' »experts » qui ânonnent en chœur qu’il faut « être soi-même » et « faire confiance à l’autre », « intervenir au bon moment » et « savoir lâcher la bride », repérer les difficultés qui émergent et trouver le spécialiste le plus compétent, pour permettre à notre progéniture d’être « bien dans sa peau » et d’avoir « une place au soleil ». Bien évidemment, tout cela est le symptôme d’un mal être qu’il ne faut surtout pas négliger. Loin de moi aussi l’idée que tout cela est socialement inutile: cela rassure, peut apaiser des tensions, rappeler quelques vérités de bon sens et, surtout, fonctionner parfois comme placebo individuel ou collectif: qu’un stage de yoga permette de moins s’énerver contre une fille qui se scarifie ou que l’intervention d’un tiers moins impliqué affectivement constitue une aide au travail scolaire n’est guère contestable… Mais nous restons là dans une approche délibérément centrée sur la résolution individuelle de problèmes considérés comme individuels. Ainsi l’hégémonie actuelle de la psychologie dans le traitement des problèmes éducatifs, qu’ils soient familiaux ou scolaires, est-elle le signe d’une « individualisation » préoccupante de l’éducation. Chacun cherche -et on le comprend bien- une « remédiation » qui soulagera son inquiétude ou sa souffrance, qui permettra d’agir au mieux « dans l’intérêt de l’enfant ou de l’adolescent »… Mais cette individualisation est le signe d’une « dépolitisation » -au sens le plus fort et authentique du mot- de l’éducation: on pare au plus pressé chacun de son côté, car on ne voit pas de perspective commune susceptible d’offrir des objectifs à long terme, de s’inscrire dans une histoire et de la prolonger, de susciter des activités qui permettront à nos enfants de « faire ensemble » un monde meilleur. J’ai écrit « faire ensemble », car c’est bien autre chose que « vivre ensemble »: on peut « vivre ensemble » lobotomisés, sous la coupe d’un gourou charismatique, ou dans un système de contention qui annihile toute velléité de résistance; on peut « vivre ensemble » -et nous en faisons l’expérience tous les jours- en une juxtaposition d’indifférences, sans projet commun ni la moindre solidarité. Et je crains que le « sauve qui peut » éducatif qui domine aujourd’hui -chacun cherchant à résoudre ses problèmes sans s’interroger sur l’avenir de notre collectif- ne contribue à une fragmentation du lien social et ne nous prépare que des lendemains qui déchantent. C’est pourquoi je suis convaincu qu’il faut resituer tous les « conseils pour bien élever son enfant » dans une perspective plus large, dans un projet pour eux et pour notre futur, dans une visée pédagogique qui ne se limite pas à leur bien-être et à leur réussite matérielle. Trois enjeux sont, à mon sens, essentiels pour cela: l’inscription dans un collectif authentique, l’apprentissage de la pensée et la découverte progressive de la distinction essentielle entre le « croire » et le « savoir », au fondement de toute laïcité authentique.

C’est une drôle de journée qui commence. Ce 11 janvier 2016 est marqué par la mort de David Bowie, dont j’ai appris le décès il y a moins d’une heure. J’écoute ses albums tandis que je rédige ce billet. Un immense artiste s’en est allé.

C’est une curieuse façon d’ouvrir ce blog, mais enfin, je ne suis pas responsable de l’actualité. Et parlons-en, justement, d’actualité. Non, parlons-en vraiment. Car c’est la raison d’être de ce site, en réalité. J’ai créé ce blog pour y parler de l’actualité, revenir sur des faits qui m’ont marqué ou qui sont à mes yeux passés un peu  trop inaperçus dans les médias.

Le nom de ce blog, la cinquième colonne, est souvent aux amateurs de théories de complot. Je vous rassure tout de suite : je n’appartiens pas à cette catégorie de personnes. Cette expression de cinquième colonne me semble assez juste pour me décrire, ainsi que pour décrire beaucoup de personnes dans mon entourage, et peut-être vous aussi.

Tous, nous appartenons au système. Nous avons un travail, payons nos impôts, sommes immergés dans la société de consommation, suivons les médias. Mais la plupart d’entre nous sont en fait opposés au système. Nous voyons ses limites, ses injustices, son inanité. Tous, nous appartenons au système, mais nous lui sommes ennemis. Et sur ce blog, je le disséquerai, morceau après morceau, pour mettre à nu ses problèmes inhérents, ses erreurs systémiques. Parce que la vérité, c’est que quelque chose va très mal dans ce monde, n’est-ce pas ?

Bienvenue dans la cinquième colonne.

 

 

 

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